Statuts
: une réforme oui, mais pas celle-là
Tract
de la fédération SUD éducation sur la réforme des statuts des
enseignant-e-s du second degré
vendredi
4 avril 2014
http://www.sudeducation.org/Statuts-une-reforme-oui-mais-pas.html
Depuis plusieurs mois, le
Ministère de l’Éducation Nationale a ouvert le chantier d’une réforme
du statut des enseignant-e-s. Après de nombreux groupes de travail,
dans lesquels les représentant-e-s de SUD Éducation ont défendu les
intérêts des personnels (en demandant par exemple que les missions
liées à l’enseignement soient intégrées dans les maxima hebdomadaires
ou en refusant que notre hiérarchie puisse nous imposer des modalités
de concertation), le projet a été présenté au Comité Technique
Ministériel du 27 mars.
Le décret sur les statuts et les
missions des enseignant-e-s dans le second degré a été adopté : 5 voix
pour (UNSA et SGEN-CFDT), 4 voix contre (SUD, CGT, FO et SNUEP), 6
abstentions (SNES-SNUIPP-SNEP). Il s’appliquera à compter de la rentrée
2015, sauf ce qui concerne l’éducation prioritaire qui s’appliquera à
la prochaine rentrée.
Ce décret a le mérite de rassembler dans un même texte les services et
missions de tou-te-s les enseignant-e-s des établissements du second
degré, qu’ils/elles soient certifié-e-s, agrégé-e-s, PLP,
documentaliste ou PE sur postes spécialisés, en poste fixe ou TZR.
Pourtant, il présente des insuffisances et des reculs qui nous ont
conduit-e-s à nous y opposer.
Pourquoi SUD
Éducation a voté contre ce texte
Service d’enseignement et missions liées
Le nouveau décret prévoit désormais deux types d’obligations de service
:
Un service devant élèves dont le maximum hebdomadaire reste
inchangé, y compris pour les documentalistes.
Les missions non quantifiées liées au service d’enseignement
(la préparation des cours, l’aide, le « suivi du travail personnel des
élèves », l’évaluation, l’orientation, les relations avec les parents,
le travail au sein d’équipes pédagogiques, le travail en équipes
pluri-professionnelles...).
Ce
que dit SUD
La reconnaissance des missions liées à l’enseignement et du
travail en équipe est une nécessité, cela doit se traduire par une
baisse des maxima hebdomadaires de service, le travail en équipe et la
concertation devant être inclus dans les maximas de service.
C’est l’occasion manquée d’étendre aux enseignant-e-s la
réduction du temps de travail dont ont bénéficié les autres salariés en
1956, 1969, 1982 et 2000.
Missions
particulières
Toutes les autres tâches supplémentaires (professeur
principal, référent informatique, référent culturel...) sont
facultatives et ne donneront lieu à décharge horaire que sur accord du
Recteur.
Ce
que dit SUD
Pour l’immense majorité des collègues le principe contestable
et inégalitaire de l’indemnité est maintenu, au détriment des décharges
horaires qui resteront exceptionnelles.
En cas de décharge, le passage obligatoire par le conseil
d’administration limite les risques d’arbitraire des chefs
d’établissement.
Décharges de
service
Les enseignant-e-s en poste partagé sur 3 établissements
d’une même commune ou sur deux communes différentes, bénéficieront
désormais d’une décharge d’une heure, y compris les TZR.
La décharge de laboratoire est maintenue en SVT et
physique-chimie en collège mais supprimée partout ailleurs (en
technologie, histoire-géographie, langues...).
L’heure de chorale ne compte plus double pour les
professeur-e-s d’éducation musicale et de chant choral.
L’heure de première chaire est remplacée par un système de
pondération : chaque heure effectuée en cycle terminal sera comptée
pour 1,1 heure.
Ce que dit SUD
La décharge pour service partagé entre plusieurs
établissements d’une même commune est une avancée. En revanche, SUD ne
peut accepter que soit inscrit dans le décret la possibilité
d’affectation sur plusieurs communes, y compris pour les TZR, si cela
n’est pas fortement encadré par les circulaires.
Avec la suppression des décharges disciplinaires, de nombreux
personnels verront par contre leur charge de travail augmenter, c’est
intolérable.
Alors que l’heure de première chaire intervenait dès 6 heures
d’enseignement en cycle terminal, avec ce texte il en faudra 10 pour
obtenir une heure de décharge pleine.
Pondération
éducation prioritaire
Dans des établissements « inscrits sur une liste fixée par
arrêté du Ministre » (art. 8), les heures d’enseignement se verront
appliquer une pondération de 1,1.
Ce que dit SUD
Un allègement du temps devant élève en éducation prioritaire
va dans le sens des revendications de SUD, mais nous revendiquons une
réelle décharge et non une pondération.
Cette disposition ne concernera qu’une infime partie des
établissements de l’éducation prioritaire, ceux classés REP+.
Le dispositif devrait concerner également les personnels
non-enseignants de l’éducation prioritaire.
Sans créations de postes suffisantes, cette pondération
risque de se traduire par des heures supplémentaires au lieu d’une
décharge de service.
Les amendements de SUD Éducation
Conformément à nos orientations fédérales, SUD Éducation siège dans les
instances nationales pour porter ses revendications et informer les
personnels. Cela ne nous interdit pas de déposer des amendements pour
améliorer des textes, y compris si nous votons finalement contre des
textes qui, globalement, restent pour nous insuffisants ou régressifs.
Ainsi, lors de ce CTM, sans être dupe, SUD Éducation a proposé des
amendements pour maintenir la décharge en cycle terminal dès 6h de
cours, les décharges disciplinaires (heures de labo) ou condamnant les
compléments de service extérieurs en cas d’HSA dans l’établissement. La
plupart des autres organisations syndicales ont suivi SUD Éducation sur
ces terrains. SUD Éducation a également soutenu les amendements des
autres syndicats quand nous avons considéré qu’ils allaient dans le bon
sens.
Sur les 47 amendements soumis au texte, 24 ont été adoptés par les
syndicats, parfois à l’unanimité, mais cela n’oblige pas
l’administration à les intégrer. Deux seulement (mineurs) l’ont été...
Bilan édifiant de ce qu’est le dialogue social pour notre hiérarchie !
Nous avons été la seule organisation à demander l’interdiction des
compléments de service s’il reste des HSA dans la discipline. Les
autres organisations nous ont suivi-e-s sur ce point. Le Ministère
s’est engagé à traduire cette exigence dans les circulaires
d’application.
SUD Éducation revendique
3h de concertation intégrées dans le service des
enseignant-e-s et inscrites à leur emploi du temps, afin de privilégier
l’usage de décharge plutôt que le tout indemnitaire.
Une baisse du temps de travail : travailler moins pour
travailler toutes et tous, et travailler mieux.
Un corps unique pour l’ensemble des personnels enseignants,
en l’alignant sur la situation la plus favorable.
Une réforme de l’éducation prioritaire qui inclut une
décharge horaire dans le service de tous les personnels, pour répondre
aux spécificités du travail en ZEP et garantir une amélioration des
conditions de travail dans les établissements classés éducation
prioritaire.
C’est sur le terrain et par nos
luttes que nous construirons une autre école !
A voir également : Les revendications de SUD éducation face aux projets
de réforme du collège et du statut des enseignant-e-s du 2nd degré :
http://www.sudeducation.org/Les-revendications-de-SUD.html