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- CP du 1er mars
Depuis plus d’une trentaine de jours,
les personnels administratifs de catégorie C et bas salaires de
l’université Paris 8, pour beaucoup des femmes, conduisent une grève
pour une réévaluation de leurs traitements, dans un contexte général de
gel de l’indice qui concerne l’ensemble
des personnels de l’enseignement supérieur et de l’éducation nationale.
Avec des revenus de travail ou de retraite qui ne permettent pas de
voir bien loin, ces personnels en grève sont bien placé-e-s pour
observer les aspects les moins reluisants du devenir actuel de nos
universités.
Chaque jour, leur collectif tient une table dans le hall d’entrée du
bâtiment A, devant la bibliothèque, pour expliquer au tout-venant leurs
revendications et les raisons de leur mouvement. Loin d’être
exclusivement centré-e-s sur des demandes catégorielles,
leursrevendications intéressent l’ensemble des personnels de
l’université, qu’elles/ils travaillent dans l’administration ou soient
enseignant-e-schercheur-ses. Ce qui se passe à Paris 8 n’est d’ailleurs
pas un cas isolé : des mouvements analogues ont vu le jour dans
plusieurs universités. A Lyon 2, depuis plusieurs mois, des
enseignant-e-s vacataires ont été obligé-e-s de se mettre en grève pour
obtenir au minimum un contrat de travail. Nous pensons que les fins de
mois impossibles, la précarité et la chute des retraites d’un certain
nombre de nos collègues ne sauraient être banalisées ou rendues
invisibles dans le tourbillon du fonctionnement quotidien de nos
établissements, continuellement débordés par les injonctions
contradictoires du ministère de faire toujours plus avec des moyens en
constante diminution.
Au cours des
négociations, la présidence a accepté d’étudier la possibilité de
rehausser les primes des catégories C, sur une base qui correspondrait
à une augmentation de 70 euros bruts par mois. Cette proposition est
apparue insuffisante au collectif, qui a décidé de reconduire la grève,
pour demander une augmentation de la prime d’un montant de 98 euros
nets par mois pour tous les bas salaires, et en demandant que
l’ensemble des contractuel-e-s puissent aussi en bénéficier. Suite à
cette revendication, la présidence a finalement accepté une
augmentation de 70 euros bruts par mois pour tous les personnels,
incluant les catégories A, B, C et contractuel-e-s. Constatant que ce
qui était auparavant réputé impossible ne l’est plus, et en se basant,
comme le fait tout mouvement social, sur ce qu’il parvient à obtenir, le
collectif a donc décidé de reconduire la grève pour défendre ses
revendications initiales (98 euros nets par mois pour tou-te-s).
Ce mouvement a le mérite de nous rappeler qu’il est possible de mettre
en discussion les inégalités de revenus dans notre établissement et de
réfléchir aux moyens d’y remédier sans entrer dans des logiques de
concurrence. Dans une situation de rapport de force, ce qui pouvait
apparaître comme une contrainte objective et technique, comme un fait
de pure comptabilité, ne l’est plus tout à fait. Ce rappel est
salutaire dans un contexte où les laboratoires de recherche sont
eux-mêmes de plus en plus mis en concurrence au nom de l’« excellence »
ou de slogans dont la pertinence scientifique est pour le moins
douteuse.
Elue sur la base d’une tradition favorable aux mouvements sociaux, la
présidence de notre université s’honorerait de ne pas réagir à ce
mouvement par des retenues sur salaire ou des gestes de nature punitive
qui auront pour effet de fragiliser encore davantage les collègues les
plus vulnérables financièrement. Il serait par ailleurs curieux
d’imaginer que les questions que ce collectif a su poser avec
détermination pourraient être résolues de manière aussi mécanique. Ces
questions ne manqueront pas en effet de réapparaître sous une autre
forme, tant la situation économique, pour beaucoup, s’avère de plus en
plus tendue et dégradée.
Il en va du climat de travail de notre université, des formes de
solidarité qu’il est encore possible d’y faire vivre et d’y inventer,
face à la montée en puissance d’un discours managérial et comptable du
fait accompli, dont la contrainte s’exerce en définitive sur tous-tes
et ce de manière transcatégorielle et trans-professionnelle.
Les enseignant-e-s,
enseignant-e-s-chercheur-ses, et chercheur-ses appellent à se mobiliser
en solidarité avec le collectif des bas salaires :
- en allant au petit
déjeuner BIATOSS qui est proposé ce lundi 2 mars à 10h30 dans le Hall
du bâtiment A ;
- en rejoignant l'AG du
mardi 3 mars à 12h dans le hall du bâtiment A, carrefour des sans
papiers ;
- en contribuant à la
caisse de grève : en espèces ou par chèque à l'ordre du CREV.
Une réunion des EC
pourrait se tenir mardi à 14h pour envisager les formes de notre
mobilisation.
Premier-e-s Enseignant-e-s-chercheur-ses signataires :
ANTOINE Jean-Philippe, PR Arts plastiques, UFR Arts, AUGROS Joël, MCF
Cinéma UFR Arts, AUTISSIER Anne-Marie, Directrice IEE, AXELRAD Jean
PRAG, UFR Culture et Communication, BLONDEAU Nicole, MCF, FLE, UFR
SEPF, BODINEAU Martine, ATER, sciences de l'éducation, UFR SEPF,
CANOBBIO Eric, MCF Géographie, UFR TES, CHICHARRO Gladys MCF, sciences
de l'éducation, UFR SEPF, CLAIR Isabelle Chargée de recherche au CNRS
en sociologie, CRESPPA, CODACCIONI Vanessa MCF sciences politiques, UFR
Textes et Sociétés, COLIN Lucette MCF sciences de l'éducation, UFR SPF,
COUTELET Nathalie MCF Théâtre, UFR Arts, DAVAULT Corinne MCF,
Sociologie, UFR Textes et Sociétés, DELANNAY Véronique PRCE Arts
Plastiques UFR Arts, DESMET Nathalie PRCE Arts plastiques UFR Arts,
DOUAILLER Stéphane PR Philosophie UFR Arts, DUHAUTPAS Frederik MCF
Musique UFR Arts, ESCHAPASSELucile PRAG Musique UFR Arts, FADABINI
Sara, Doctorante contractuelle, Littérature Française, UFR Textes et
sociétés, FASSIN Eric PR, département de science politique, UFR Textes
et sociétés, FRAGNART Claire Arts Plastiques, UFR Arts, GINOT Isabelle
PR Département Dansem UFR Arts, GOLLAC Sibylle Chargée de recherche au
CNRS en sociologie, CRESPPA, GRANGÉ Ninon MCF Philosophie UFR Arts,
GUÉNIF Nacira PR sciences de l'éducation, UFR SEPF, HAMMOU Karim chargé
de recherche CNRS en sociologie, HELAMS Hasan
MCF UFR TES, HESS Remi PR sciences de l'éducation, UFR SEPF, JEUNE
François PR Arts plastiques UFR Arts, KÖPP Maren, Arts Plastiques, UFR
Arts, LARBI Léo Doctorant contractuel UFR Arts, LASSIBILE Mahalia MCF
Danse UFR Arts, LAUNAY Isabelle PR Danse UFR Arts, LE PERON Serge PR
Cinéma, UFR Arts, LECERF Eric MCF Philosophie UFR Arts, LOIZILLON
Guillaume MCF Musique UFR Arts, MARIETTE Audrey MCF Science Politique,
UFR Textes et Sociétés, MEHAT Jean MCF Informatique, UFR MITSIC, MOLL
Olga MCF Musique UFR Arts, MORISSE Martine MCF Sciences de l'éducation,
UFR SEPF, OLIVE Jean-Paul PR Musique UFR Arts, PERRET Catherine Arts
Plastiques, UFR Arts, PERRIN Julie MCF Danse UFR Arts, PITTI Laure MCF,
département Remoma, PLEDRAN Gwénaëlle PAST Théatre, UFR Arts, POTOLIA
Anthippi MCF, Com/FLE, UFR SEPF, PY Françoise PAST Arts plastiques UFR
Arts, ROQUET Christine MCF Danse UFR Arts, ROUEFF Olivier chargé de
recherche CNRS en sociologie, SCHAEPELYNCK Valentin MCF Sciences de
l'éducation, UFR SEPF, SCHWOEBEL Geneviève MCF Théâtre UFR Arts
(retraitée), SIBLOT Yasmine PR, département de sociologie, UFR Textes
et Sociétés, SOLOMOS Makis PR Musique UFR Arts, SORIN Cécile MCF Cinéma
UFR Arts, TISSOT Sylvie PR, Science politique, UFR Textes et Sociétés,
VAUDAY Patrick PR Philosophie UFR Arts, VERMEREN Patrice PR Philosophie
UFR Arts, WILLOUGHBY Dominique PR Cinéma UFR Arts