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Selon Darcos : "Les difficultés scolaires majeures relèvent... "du domaine médical" !
Article publié le 6 novembre 2008

M. Dominique Baert. (.../...) Le RASED ne fait peut-être pas la une des journaux, mais ça marche.

M. Xavier Darcos, ministre de l’éducation nationale. Non !

Que les enseignants se rassurent : les difficultés scolaires majeures relèvent... "du domaine médical" !

Et comme les établissements pénitentiaires (industrie florissante, activité économique rentable, service public qui ne connait ni la crise ni les restrictions financières !) sont devenus des substituts aux hôpitaux psychiatriques, l’horizon semble tout dessiné pour la jeunesse des quartiers prolos.

Marc A

M. le président. La parole est à M. Dominique Baert.

M. Dominique Baert. Monsieur le ministre, il peut arriver à chacun de faire une bêtise, mais vous commettez, vous, une erreur dramatique et il est de mon devoir de vous le dire.

Avec ce projet de loi de finances pour 2009, vous supprimez, on l’a dit, 5 500 postes d’enseignant du premier degré, impliquant la réaffectation de 3 000 enseignants spécialisés – maîtres E et G – sur des postes en classe.

Ces mesures conduiront inévitablement au démantèlement des réseaux d’aides spécialisées aux élèves en difficulté, donc à la dégradation du traitement de la difficulté scolaire à l’école. Pourtant, ces RASED existent depuis 1990 et permettent à des élèves qui rencontrent des difficultés non résolues en classe, de bénéficier d’aides spécialisées adaptées et différenciées.

Une directrice d’école de ma commune, Wattrelos, ville que vous connaissez, monsieur le ministre, m’écrivait récemment : « Dans une école comme la mienne, le RASED sort des enfants du gouffre par des méthodes pédagogiques originales. Jamais le soutien ne suffira à panser les plaies de ces enfants à la dérive. » Ce qu’elle écrit là, tant d’autres directrices, directeurs et enseignants me le disent depuis des semaines dans ma ville et dans toute l’agglomération roubaisienne.

Vous le savez, monsieur le ministre, je suis l’élu d’une ville ouvrière où l’école républicaine peut et doit jouer son rôle d’ascenseur social et ne laisser personne au bord du chemin. Encore faut-il qu’elle en ait les moyens, et qu’on les renforce là où il y a des besoins, là où il est indispensable d’accorder un soutien spécifique à des enfants en grande difficulté.

Le RASED ne fait peut-être pas la une des journaux, mais ça marche.

M. Xavier Darcos, ministre de l’éducation nationale. Non !

M. Dominique Baert. Nos écoles, nos enfants ont besoin de ces professionnels de l’aide spécialisée, formés à l’analyse de la difficulté et de la remédiation individualisée. C’est sur le temps de classe qu’il faut réaliser ce travail.

L’éducation requiert la même finesse que la haute couture. De mon expérience de maire – vous avez vous-même, monsieur le ministre, été un élu de terrain –, j’ai acquis la conviction que, pour construire l’égalité réelle des chances, c’est en faveur de celui qui souffre ou qui a des difficultés qu’il faut mobiliser le plus de moyens. Or le RASED est une bouée salutaire.

Ne commettez donc pas l’irréparable, acceptez le débat et révisez votre jugement. Reconnaître son erreur peut permettre de se grandir. Rendez aux RASED leurs moyens et pérennisez leur présence auprès de nos enfants qui en ont tant besoin.

Merci, monsieur le président, de m’avoir permis de consacrer cette dernière question aux RASED qui constituent le point d’orgue de ce débat.

M. le président. La parole est à M. le ministre.

M. Xavier Darcos, ministre de l’éducation nationale. Je connais en effet votre commune, monsieur Baert, et ses écoles, et je reconnais qu’elles nécessitent tous les moyens possibles.

La mise en place des deux heures d’accompagnement éducatif représente 500 000 heures par semaine alors qu’aujourd’hui l’activité des maîtres spécialisés représente 68 000 heures. Il convient de mettre ces deux chiffres en regard. Je m’accorde avec vous pour considérer que, pour un certain nombre d’élèves, l’accompagnement éducatif ou les deux heures de soutien à l’école primaire ne rendront pas les mêmes services qu’un psychologue scolaire, et c’est la raison pour laquelle je ne veux rien changer en la matière.

En revanche, faisons confiance aux enseignants pour identifier les difficultés scolaires majeures qui relèvent du domaine médical. Au sein de ces petits groupes, à raison de deux heures par semaine, ils vont bien parvenir à identifier les difficultés particulières de certains élèves.

M. Dominique Baert. Pourquoi donc démanteler ce qui marche ?

M. Xavier Darcos, ministre de l’éducation nationale. Ces enseignants seront à proximité de ces élèves…

M. Dominique Baert. Ils le sont déjà !

M. Xavier Darcos, ministre de l’éducation nationale. …à raison de deux heures par semaine et non pas quarante minutes de temps à autre !

M. André Schneider. Exactement !

M. Xavier Darcos, ministre de l’éducation nationale. Ils repéreront évidemment ceux qui ont des difficultés d’ordre médical.

Mme Laurence Dumont. Ce n’est pas un problème d’ordre médical !

M. Xavier Darcos, ministre de l’éducation nationale. Bien sûr que si, madame la députée ! Qu’est-ce donc qu’un psychologue scolaire ? Il s’agit de quelqu’un qui traite une difficulté particulière d’ordre mental, c’est évident, difficulté qui nécessite un accompagnement. Les CMPP ne relèvent-ils donc pas des secteurs psychologique, social et médical ?

Mme Laurence Dumont. Vous dites n’importe quoi !

M. Xavier Darcos, ministre de l’éducation nationale. Permettez ! CMPP, jusqu’à preuve du contraire, signifie centre médico-psycho-pédagogique. Laissez-moi donc utiliser des mots correspondant à la réalité qui nous occupe.

En conclusion, au cours des deux heures en question, des professeurs seront capables d’identifier des difficultés scolaires qui relèvent – notamment – du médical ou de situations sociales ou familiales très compliquées et d’orienter les élèves qui en sont victimes vers les services capables de procéder aux remédiations nécessaires, y compris d’ailleurs vers des RASED encore itinérants. La manière dont nous opérons me paraît donc plus efficace, plus globale, davantage fondée sur la confiance que nous accordons aux maîtres, et n’est pas de nature à mettre en péril le traitement de la difficulté scolaire, bien au contraire.

M. le président. Nous en avons terminé avec les questions

Assemblée nationale - PLF 2009 - Séance du 04/11/09

Examen des crédits relatifs à l’enseignement scolaire

Extrait du CR intégral

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