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Manifestation du 10 octobre : communiqué de SUD éducation Créteil
Article publié le 1er octobre 2015

Après avoir lancé une pétition et proposé trois journées de grève en mai, juin et septembre, l’intersyndicale qui revendique l’abrogation de la réforme du collège et la réouverture de discussions sur d’autres bases a décidé d’appeler à une manifestation nationale le samedi 10 octobre. La fédération SUD éducation, qui a été partie prenante de toutes les initiatives unitaires de mobilisation, n’a cette fois pas signé le texte d’appel. La lutte doit s’amplifier et se généraliser, et nous n’étions pas favorables à une telle manifestation pour plusieurs raisons.

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Après avoir lancé une pétition et proposé trois journées de grève en mai, juin et septembre, l’intersyndicale qui revendique l’abrogation de la réforme du collège et la réouverture de discussions sur d’autres bases a décidé d’appeler à une manifestation nationale le samedi 10 octobre. La fédération SUD éducation, qui a été partie prenante de toutes les initiatives unitaires de mobilisation, n’a cette fois pas signé le texte d’appel. La lutte doit s’amplifier et se généraliser, et nous n’étions pas favorables à une telle manifestation pour plusieurs raisons.

Quel message ?

Le message politique porté par une telle manifestation nationale est pour le moins confus. L’idée d’une manifestation nationale avait été préemptée par des politiciens de droite. La droite plus ou moins extrême tente depuis le départ une OPA sur la mobilisation et cherche à instrumentaliser l’opposition à la réforme du collège. Même si l’intersyndicale a décidé, fort heureusement, de ne pas inviter les organisations politiques ou des associations qui leur sont apparentées à se joindre à la manifestation, des groupes réactionnaires ont immédiatement annoncé qu’ils y participeraient. Or l’appel intersyndical ne permet aucunement les clarifications et délimitations nécessaires dans ce contexte trouble. Il faut dire qu’au sein même de l’intersyndicale, au-delà du mot d’ordre d’abrogation, se juxtaposent des visions radicalement opposées de ce que devraient être le collège et l’école publique.

Nous nous opposons à celles et ceux qui critiquent cette réforme au nom du refus d’approches pédagogiques des enseignements ou au nom d’un collège passéiste, inégalitaire ou élitiste. Dans cette réforme le pédagogique n’est qu’un habillage : elle est à l’opposé du projet de collège porté par SUD éducation, qui s’inscrit dans la perspective d’une école polytechnique pour toutes et tous, égalitaire et reposant sur des pratiques pédagogiques coopératives et émancipatrices.

Quelle dynamique de lutte ?

La manifestation nationale un jour de week-end sans grève n’est pas notre mode d’action privilégié. Couteuse en argent et en énergie, pour ce qui n’est somme toute que du symbolique, une manifestation nationale rassemble de toute façon moins que des initiatives décentralisées, qui permettent rencontres et débats. Nous ne sommes cependant pas opposé-e-s par principe, en toutes circonstances à de telles manifestations. Mais, d’une part, il y a des craintes que cette initiative soit perçue comme ponctuant la fin du mouvement de mobilisation et, d’autre part, on peut questionner le choix d’appeler sur la seule question du collège, alors que cette réforme est un pan supplémentaire d’une politique générale sinistrement cohérente.

En aggravant les inégalités, la réforme du collège est dans la continuité de la réforme des rythmes scolaires, catastrophique pour les enseignant-e-s et pour les élèves. En organisant « l’autonomie » des établissements (en réalité celle des chefs d’établissement), elle généralise la concurrence par le même processus que les universités et les lycées ont subi ces dernières années. On peut d’ailleurs s’étonner de l’attitude de certaines organisations syndicales qui déclarent aujourd’hui s’opposer à cette réforme après avoir refusé de combattre la loi dite de « refondation », qui en énonçait pourtant déjà les principaux cadres (dont « l’autonomie »). Cette réforme est directement liée à la modification statutaire du 2nd degré (aggravation de la charge de travail, division des personnels, multiplication des pouvoirs hiérarchiques…) et aux attaques générales contre les statuts. Elle organise la pénurie et s’inscrit ainsi dans le cadre général de la politique d’austérité du gouvernement et de l’Union européenne.

La lutte ne doit pas se limiter au collège ni se terminer le 10 octobre, elle doit s’amplifier et se généraliser pour créer, par le rapport de force, les conditions d’une victoire sociale. Pour gagner, il est indispensable d’étendre la mobilisation et de revendiquer les moyens qui sont un préalable à toute amélioration du service public d’éducation, il faut donc combattre l’austérité.

Alors quoi ?

Cette manifestation aura lieu et des militant-e-s de SUD éducation y participeront aux côtés des personnels et des parents mobilisés, même si la plupart n’en seront sans doute pas. Nous espérons qu’elle portera le moins d’ambiguïtés politiques possibles. Au-delà de cette manifestation, ce qui sera déterminant, ce sera notre capacité à développer la mobilisation, en commençant par organiser partout le refus collectif des formations sur le nouveau collège, comme nous l’avons proposé à l’intersyndicale. Ce qui sera déterminant, ce sera notre capacité à nous rassembler pour lutter tou-te-s ensemble, et c’est pourquoi nous renouvelons notre proposition aux fédérations de l’éducation nationale de lancer un appel unitaire à la grève lors de la journée de grève et de manifestations public/privé prévue le 8 octobre.

A partir de revendications unifiantes (réduction du nombre d’élèves par classe, baisse du temps de travail, augmentation des salaires, abrogation des contre-réformes), construisons dans l’unité un mouvement d’ensemble affrontant le gouvernement contre l’austérité, pour des alternatives sociales et émancipatrices !