9 mensonges pour les
écoles de la Seine-Saint-Denis
Apparaissant
répondre à la colère qui monte de Saint-Denis et de Seine-Saint-Denis, les
annonces de la Ministre ne font que compiler en les présentant
avantageusement les médiocres dotations prévues, rajoutant ça et là
quelques remèdes qui risquent de se révéler pires que le mal.
Mesure
1 : 500 postes supplémentaires pour les 3 prochaines années
C'est simplement la poursuite du rythme de créations de postes actuels
(150 postes annuels soit 450 sur trois ans), qui couvrent à peine les
augmentations d'effectifs et la formation des enseignant-es. Pour
mémoire, il faudrait créer immédiatement plus de 1000 postes pour
revenir au taux d'encadrement de 2002 (RASED, ouvertures de classe,
moyens de remplacement...), et 1000 autres postes pour mettre en place
les mesures prévues dans la réforme de l'éducation prioritaire
(maîtres-ses supplémentaires, TPS, remplacement des enseignant-es en
formation...).
Ce
qu'il aurait fallu : Ce sont a minima 500 postes par an sur
les trois prochaines années qui aurait dû être annoncés, comme base de
discussion sérieuse.
Mesure
2 : 13 réseaux d'éducation prioritaire en plus
L'élargissement de l'assise de l'éducation prioritaire en
Seine-Saint-Denis découle de l'application de critères sociaux, c'était
donc prévu. Le problème ? La suppression commencée depuis 2 ans de
l'élément le plus important des actuelles ZEP, les seuils (nombre
maximum d'élèves par classe, obtenus par la lutte départementale de
98), tandis que les nouveaux moyens promis (maîtres-ses
supplémentaires, TPS sont d'ores et déjà annoncés comme étant attribués
non pas de droit pour les écoles d'un réseau, mais à la discrétion du
directeur académique et des locaux mis à disposition par les
municipalités (pour les TPS). De fait, en l'état actuel des dotations
prévues, il sera impossible de généraliser ces mesures l'année
prochaine. Des mesures qu'il n'a même pas été possible de mettre en
place cette année dans les 6 REP+ « expérimentaux » du
département...
Ce
qu'il aurait fallu : Elargir l'éducation prioritaire, oui
mais,en tenant compte des critères sociaux par établissement, en
réaffirmant le respect des seuils et en engageant une réflexion sur
leur abaissement pour se donner les moyens de réellement généraliser
les mesures prévues pour l'éducation prioritaire.
Mesures
3 & 4 : 1685 postes ouverts pour le concours 2015 dans
l'académie de Créteil et un concours supplémentaire en 2015
Rien de plus que des concours permettant de recruter les enseignant-es
pour les postes existants (départs à la retraite, créations de
postes...). Le problème est que l'attractivité du métier, avec la
masterisation d'une part, le gel des salaires d'autre part et surtout
la dégradation considérable des conditions de travail et
d'enseignement, entraîne une insuffisance des candidat-es aux concours,
comme cela a été le cas dans l'académie de Créteil cette année où plus
de 200 postes n'ont pas été pourvus. Ce qui aboutit au phénomène des
postes vacants qui conduit à recruter des contractuel-les. La
population socialement fragile de Seine-Saint-Denis peut de plus en
plus difficilement accéder à un métier qui nécessite un master, alors
même que les études deviennent de plus en plus lourdes financièrement.
Alors, on tente d'attirer des candidat-es venu-es d'autres académies,
et dont l'unique objectif sera naturellement d'y retourner le plus vite
possible...
Ce
qu'il aurait fallu : Revenir sur la masterisation,
remettre en place un pré recrutement (embauche deux ans avant le
concours avec rémunération et entrée progressive dans le métier) qui
permette de recruter massivement des enseignant-es de
Seine-Saint-Denis. Augmenter le nombre de formateurs et de formatrices
qui sont en nombre insuffisant.
Mesure
: Formation en alternance dès le master 1 à l'ESPE de Créteil
Nous dénonçons depuis deux ans, les médias l'ont découvert depuis cette
rentrée, que les prétendues créations de postes reposent en fait
essentiellement sur un artifice comptable : les stagiaires, donc
les enseignant-es en formation en M2 qui ont passé le concours, sont
désormais comptabilisé-es comme des postes, ce qui n'était pas le cas
avant. Cette mesure vise à élargir aux M1 cette capacité à occuper un
poste d'enseignant en responsabilité à mi temps devant une classe. Cela
permettra de compenser quelques postes mais ne permettra pas aux futurs
enseignant-es de se former dans des conditions satisfaisantes. Leur
formation va une fois de plus reposer sur la bonne volonté des équipes
qui les accueilleront.
Ce
qu'il aurait fallu : voir mesures 3 & 4
Mesure
6 : Une meilleure formation, un meilleur accompagnement des
contractuel-les
Un recyclage des ajustements cosmétiques mis en place depuis un mois
pour répondre à l'arrivée massive et catastrophique des contractuel-les
sur le département (10 % des enseignants de Saint-Denis!). Les 6
sessions de formation, dont la durée est d'une demie journée, ne
pourront évidemment remplacer l'absence de formation initiale. Elles ne
pourront pas même servir à alléger la tâche des contractuel-les,
puisque ces formations seront hors temps scolaire, donc pendant le peu
de temps disponible (mercredi après-midi) pour préparer les cours...Par
ailleurs, aucune mesure n'est prévue pour augmenter le nombre de
formateurs et de formatrices.
Ce
qu'il aurait fallu : dégager dans l'urgence des temps de
formation sur le temps de travail, mobiliser les moyens disponibles
(conseiller-es pédagogiques, enseignant-s d'ESPE, maîtres-ses
formateurs... déjà complètement débordé-es...) pour des formations sur
temps de classe (observation de classe, prise en charge
accompagnée...)...
Mesure
7 : A partir de 2016, un concours spécifique pour encourager les
contractuel-les à devenir enseignant-es
Cette mesure confirme nos craintes, et ce que nous dénonçons depuis 2
ans, depuis l'arrivée d'un volant de contractuel-les dans le 1er
degré : c'est bien une population qui est appelée à se pérenniser,
puisqu'un concours interne est créé pour elle. On est loin de ce qu'on
nous disait en 2012 : c'est conjoncturel, c'est à cause de la
situation laissée par la droite, ce sera résorbé l'année prochaine...
La formulation de cette mesure laisse par ailleurs entendre que les
contractuel-les ne sont pas des enseignant-es : alors qui sont ces
salarié-es qui s'occupent des élèves du 93 ?
Ce
qu'il aurait fallu : garantie pour les contractuel-les
recruté-es dans l'urgence d'une stagiarisation sans condition de
concours l'année prochaine : ils et elles ont été enseignant-es
une année, comment peut-on leur demander de passer un concours qui
normalement intervient avant la prise en charge d'une classe ? A
emploi égal- statut égal.
Mesure
8 : Mieux affecter les enseignant-es titulaires et stagiaires afin
de respecter au mieux les intérêts des élèves
« Les demandes de sortie du département seront examinées par les
autorités académiques pour ne pas laisser des classes sans
enseignant-e ». Un important facteur de souffrance au travail dans
le 93 repose sur la situation d'enfermement vécue par les personnels,
interdits de sortie du département, interdits de temps partiel et même
de mise en disponibilité, interdits de départ en formation, au prétexte
du manque d'enseignant-es. Les réformes destructrices et l'incurie
administrative finissent ainsi par reposer toujours davantage sur des
enseignant-es arrivé-es bien souvent au point de rupture, ne rêvant
plus que d'abandonner une profession qu'ils et elles avaient rêvé
d'exercer. De plus, cette mesure renvoie aux enseignant-es, la
responsabilité de la pénurie de postes dans le département. Affirmant
que leur prétendue mobilité serait responsable des postes vacants dans
certaines zones du département, est faux et inadmissible. C'est une
grave restriction du droit à la mobilité des personnels et une
dangereuse mainmise de l'institution sur les choix de vie des
personnels.
Ce
qu'il aurait fallu : Il ne s'agit pas de mieux répartir la
misère pour la rendre moins apparente : il faut revenir à une
vraie formation initiale pour que les stagiaires ne soient plus des
personnels sans expérience lâché-es dans une situation ingérable ou
difficile à gérer, qui pour eux est une source de souffrance, et
déstabilise les écoles. Et il faut au contraire respecter et faciliter
le droit à la mobilité des personnels, leur volonté de formation,
l'exercice de leur droit au temps partiel ou à la mise en
disponibilité, pour qu'enseigner dans le 93 ne soit plus une cause de
souffrance.
Mesure
9 : Une meilleure organisation administrative
La 3e circonscription de Saint-Denis est demandée depuis 10 ans et
actée depuis un an. Rien de bien nouveau donc. Quant aux 600000 euros
pour « renforcer l'attractivité des postes administratifs »
ce sont des primes à la pénibilité qui pourraient être plutôt consacrés
au recrutement des personnels statutaires et non de personnels
vacataires : 4 agent-es pour gérer 1500 dossiers et des
dysfonctionnements de la trésorerie du Val de Marne, ont entraîné 2 à 3
mois de retard dans le versement des salaires des stagiaires et des
contractuel-les en cette rentrée....
Ce
qu'il aurait fallu : Augmenter le recrutement des
personnels administratifs sur des emplois statutaires, afin qu'ils et
elles puissent assurer l'intégralité de leur mission dans de bonnes
conditions! En effet, les mesures austéritaires de ces dernières
années, n'ont pas épargnées les personnels administratifs, dont le
nombre a été réduit alors qu'ils et elles ont vu leur charge de travail
s'alourdir.