Éducation prioritaire - annonces du 23 septembre
Un premier bilan de la réforme, entre insuffisances et inquiétudes
« La refondation de l’éducation prioritaire est avant tout pédagogique.
» On connaît la rengaine : la réforme de l’éducation prioritaire
n’est pas quantitative, elle est qualitative, et SUD éducation a déjà
beaucoup critiqué le fait qu’il s’agit d’une nouvelle réforme
d’austérité, de gestion de la pénurie. Qu’en est-il d’après les
dernières annonces ministérielles ? Sans surprises, les annonces du 23
septembre concernant la nouvelle carte de l’éducation prioritaire
insistent sur le fait que le nombre total de réseaux, soit 1081, ne
changera pas, et que le classement des écoles et EPLE se fera sur la
base de critère sociaux - ce dernier point correspondant d’ailleurs à
nos revendications. Mais une carte qui bouge sans que le nombre de
réseaux classés augmente, cela signifie que de nombreux réseaux vont
sortir de la carte de l’éducation prioritaire : que vont devenir les
effectifs par classe ou les DHG dans ces établissements souvent
fragiles qui quitteront l’éducation prioritaire ? Comment les collègues
et les parents d’élèves vont-ils réagir à la dégradation des conditions
de travail et d’étude dans ces écoles et établissements ?
Il s’agit bien d’une réforme sans financement, qui
se cache derrière la pédagogie pour masquer la pénurie de moyens. Dans
les établissements préfigurateurs de la réforme, le constat est clair :
les promesses en matière de moyens supplémentaires pour ces
établissements « prioritaires parmi les prioritaires » ne sont
globalement pas tenues, ou a minima et sur la base du redéploiement.
Dans le second degré, où sont les personnels santé-sociaux
supplémentaires promis ? Où sont les postes d’AED permettant
l’encadrement des 6e jusqu’à 16h30 ? Dans le premier degré, quelques
postes de PDMQDC ont été créés dans les écoles REP + mais il ne s’agit
que d’une restitution partielle de postes supprimés auparavant. Les
ouvertures des classes de moins de 3 ans se font au compte-gouttes. Le
tout dans un contexte général de pénurie de moyens où pour masquer des
RASED incomplets, on agrandit, du moins sur le papier, les zones
d’intervention des psychologues et maitres-ses G pour couvrir les REP+.
Par ailleurs, toujours dans le premier degré, les départs en formation
se font dans des conditions de désorganisation totale pour les élèves
et pour les équipes enseignantes. Si la brigade de remplacement a été
partiellement présente pour les départs en formation du premier
REP+ concerné, Aubervilliers, on peut douter que pour les suivantes, il
en sera de même. En effet, trois semaines après la rentrée, les
remplacements ne sont plus assurés dans le 93 et la DSDEN est à la
recherche de 300 enseignant-es pour continuer l’année.
« La refondation de l’éducation prioritaire est
avant tout pédagogique ». Et qu’est-ce donc que cette réforme
pédagogique, qui se prévaut de faire mieux sur autant, sinon moins
? La devinette est facile : l’enjeu est bien d’acculturer instits
et profs à cette obsession libérale et managériale qu’est le socle
commun, au cœur de la loi d’orientation de 2012 et de tous les
documents encadrant cette réforme de l’éducation prioritaire. A
l’éducation prioritaire non pas les moyens, mais cette pseudo-pédagogie
de l’adaptabilité aux besoins supposés de l’entreprise qu’est le socle
commun, sur lequel on a déjà tout dit et tout écrit, et qui est de
nouveau à l’honneur cet automne avec une nouvelle vague de
pseudo-concertations. L’enjeu, au fond, est donc le suivant : comment
s’y prendre pour faire entrer cette école du socle dans les pratiques
de ces têtes de mules d’enseignant-es de l’éducation prioritaire, qui
ne pensent qu’à avoir plus de moyens et moins d’élèves par classe ?
Outre la culpabilisation et la responsabilisation individuelle des
collègues quant à l’échec de leurs élèves, les ficelles sont déjà
connues. La mise en concurrence des collègues, tout d’abord : certains
verront par exemple leurs séquences mises en lignes sur le «
référentiel » éducation prioritaire, dont les conclusions sont bien
évidemment tirées d’avances. D’autres seront séduit-es par les sirènes
de la promotion bon marché et deviendront « coordonnateur réseau » ou
autre apôtres symboliquement rémunérés de l’école du socle. Dernière
option de la réforme, le renforcement d’une hiérarchie intrusive venant
distribuer la bonne parole : des IEN, IPR font déjà la tournée des
écoles et établissements REP + pour expliquer aux collègues comment
faire leur travail correctement !
Reste la question de la pondération. Certes SUD
éducation revendique une décharge de service dans l’éducation
prioritaire. Mais d’une part, nous la revendiquons pour toute
l’éducation prioritaire, et non seulement pour un tiers des réseaux. Et
d’autre part, cette pondération doit être pour nous une reconnaissance
des difficultés à travailler dans l’éducation prioritaire et de la
multiplication des tâches que l’on a moins a faire ailleurs (liens avec
les parents, la vie scolaire, les services santé-sociaux…). Pour SUD
éducation, il est donc scandaleux que certaines direction
d’établissement exigent des personnels des établissements
préfigurateurs REP + une présence obligatoire à certaines réunions,
dont ils orientent par ailleurs souvent le contenu de manière
autoritaire et artificiel.
Dans
l’immédiat, SUD éducation Créteil invite donc tous les collègues des
établissements REP + ayant le rapport de force suffisant dans leur
établissement à :
-refuser toute obligation de présence en
échange de la pondération
-refuser que les thématiques des
concertations proposées soient imposées par la direction
-investir le temps dégagé pour instaurer des
pratiques professionnelles et pédagogiques coopératives et horizontales
Plus
largement, SUD éducation Créteil appelle les collègues de l’éducation
prioritaire à discuter en assemblée générale de leur vision de
l’éducation prioritaire et à formuler leurs revendications.
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