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Communiqué de SUD Education à propos du point d’étape sur la réforme des lycées
Article publié le 24 octobre 2008

Xavier Darcos a présenté à la presse le 21 octobre 2008 un point d’étape sur la réforme du lycée.
Il est curieux de faire une étape alors que le chemin n’est pas commencé. Voudrait-on faire croire qu’il y a déjà des accords tacites qu’on ne s’y prendrait pas autrement. Ou bien faut-il entendre que
seules les projections mijotées dans les bureaux ministériels ont de l’importance pour les Français ?
La méthode ne nous surprend pas vraiment, qui nous accule de cette manière à la position de « syndicats d’enseignants particulièrement intraitables dès qu’il s’agit de faire évoluer le lycée ».
Exit en deux phrases toute proposition qui pourrait émaner des organisations syndicales. C’est le ministre qui propose et impose, les syndicats ( mais pas tous, nommément le SNES ) étant tout juste
conviés à donner leur accord et à proposer des modalités lorsque l’exercice bureaucratique se heurte à la réalité du terrain. Cela s’appelle « discussion qui va permettre de dessiner le nouveau lycée ».
Cette « réforme » est ambitieuse ; elle vise de nombreux objectifs.
Le premier est sans conteste la suppression de milliers de postes d’enseignants titulaires. L’annonce de 600 emplois de professeurs supplémentaires est grotesque, après les annonces multiples de
suppression de 10 000 à 12 000 postes chaque année.
Outre cet enjeu financier, il y a une volonté de faire de l’élève un individu consommateur de connaissances en niant la dimension formatrice et dynamique du groupe classe dans lequel il s’intègre. Les valeurs de solidarité déjà bien mises à mal n’existent plus du tout. L’orientation, et la sélection, opérées tous les semestres dans un cursus individualisé supposent une maturité qui est loin d’être la norme pour des élèves sortant de la classe troisième. Loin d’être acteurs de leur
parcours, ils risquent fort d’être dépassés par la complexité des choix. Ceci est encore aggravé par le fait que les parcours de première et de terminale ne sont pas encore définis.
Non content de faire des économies, de faire un sort à la dimension collective de la classe, ce bouleversement est totalement incompatible avec la définition du VS de l’enseignant qui organise son travail suivant des normes statutaires. Sans même en parler, le ministre remet en cause de fait le statut des enseignants. Sans doute le « nouveau lycée républicain » n’a-t-il pas besoin de personnel stable. Les précaires de contrat privé et sans formation spécifique, et surtout trop fragiles pour
s’opposer aux volontés de l’administration ministérielle sont bien suffisants pour assurer un enseignement fast food dans des formes indéfinies. Hormis le volume d’heures réduit, rien n’est sérieusement réfléchi pour mettre en place des principes directeurs aussi pompeux que
démagogiques. Il serait pratique pour le ministre que les syndicats invités à négocier s’attellent à la tâche de réaliser sur le terrain ce discours idéologique .
Entrer dans le détail de cette nouvelle (dés)organisation ne fait que soulever à chaque phrase de nouvelles questions sans réponses concrètes. Nous sommes pour une réforme des lycées digne de ce
nom, mais il est hors de question de cautionner ce démantèlement sauvage alors que les jeunes ont déjà du mal à se repérer dans un monde sans autre valeur que l’argent. Il ne peut y avoir de
« discussion » sur une telle réforme. Nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour empêcher sa mise en oeuvre.

24 10 08